Le Projet

D’une durée totale de 36 mois, il débute par l’élaboration d’un référentiel sur les impacts environnementaux des tournées telles qu’elles sont conçues aujourd’hui, et se poursuit par une expérimentation in vivo sur plusieurs cas réels de spectacles à concevoir et de tournées à organiser, dont la réalisation sera accompagnée et observée pendant une année.

La phase dite de référentiel consiste à étudier les tournées de musiques actuelles pour dégager des « types », à qualifier quels enjeux environnementaux peuvent être jugés matériels, puis à les mesurer via une collecte de terrain sur un échantillon de tournées jugées représentatives, afin d’établir des axes d’écoconception et des recommandations. 

L’expérimentation vise quant à elle à tester la faisabilité et le potentiel de réduction d’impact de ces recommandations, et à contribuer au fait que ce qui n’est pas réalisable aujourd’hui le soit demain plutôt qu’après demain. Elle sera menée avec le soutien d’experts, fera l’objet d’un suivi quantitatif et qualitatif dont il sera rendu compte, et repose sur un principe de coopération constante avec les parties prenantes.

Retrouvez le déroulé et le détail des actions dans la page Calendrier.

Une matrice est le milieu dans lequel quelque chose prend racine et se développe. Nous proposons de commencer quelque part et de le faire enfin tous ensemble, dans une large mise en partage de l’objectif de transition. 

Une matrice est le nom donné aux étalons des poids et des mesures. Nous proposons de collecter et de modéliser des données qui permettent de cartographier les différentes échelles, pour que les acteurs puissent se situer, pour que l’objectivation serve la transparence et la mise en mouvement. 

Une matrice est un moule. Nous proposons d’explorer de nouveaux modèles pour préserver les métiers, les entreprises et le live.

La réponse d’Ekhoscènes à l’appel à projets « Soutenir les Alternatives Vertes 2 » de France 2030, qui a engendré le Projet M.A.T.R.I.C.E, s’inscrit dans le prolongement des actions menées par le syndicat auprès de ses adhérents, mais aussi avec ses pairs au sein de l’association ARVIVA ou du collectif STARTER, et dans les groupes de travail du ministère de la Culture et du Centre national de la musique. 

Le Projet M.A.T.R.I.C.E s’est nourri de ces travaux et réflexions collectifs, et des observations de l’enquête « Défi Durable » menée tous les deux ans par Ekhoscènes. En 2022 comme en 2024, cette enquête a montré que parmi les 4 grands métiers du champ professionnel des concerts de musiques actuelles (producteur de spectacles, diffuseur, exploitant de salles et organisateur de festival), les sociétés de production devaient être la cible prioritaire de l’accompagnement et de l’appel à l’action. Car elles accusaient un retard manifeste sur l’ancienneté et le niveau d’engagement dans des démarches d’attention aux enjeux environnementaux, sur la connaissance de leur empreinte environnementale, et sur la conscience des risques liés au changement climatique pour les entreprises. Et par conséquent un retard sur le périmètre, la nature, le nombre et la structuration des actions mises en place. 

Favoriser la mise en mouvement des producteurs de spectacles est apparu comme un enjeu stratégique pour la transition globale du live du fait de leur rôle primordial dans cet écosystème. En France, ils sont à la genèse du spectacle donné en concert et rendent financièrement, techniquement et logistiquement possible sa création et sa distribution sur le territoire. Tandis que les diffuseurs, les exploitants de salles et les organisateurs de festivals accueillent le spectacle et permettent sa rencontre avec les publics. 

Avec son « Comité de pilotage transition écologique & RSE », réunissant depuis 2022 une dizaine d’adhérents représentant tous métiers et tailles d’entreprise, Ekhoscènes a donc travaillé des mois à définir un projet qui répondrait à cette idée.

Le Projet M.A.T.R.I.C.E vient prolonger et compléter les dispositifs collectifs de connaissance et de réduction de l’empreinte environnementale de la musique et du spectacle en portant le périmètre d’attention au-delà de l’empreinte carbone, en considérant les équipements privés de moyenne, grande et très grande jauge, et en s’attachant aux multiples points d’entrée liés à la notion de création de concert et de tournée. 

Car chacun est un point potentiel de réduction d’impact, mais aussi de mobilisation et de mise en mouvement pour « commencer quelque part » et instiller de nouvelles façons de penser et de faire jusqu’à pouvoir changer les usages. Un décor écoconçu peut représenter une économie de matière, une ouverture sur la circularité, mais aussi moins de camions pour son transport. Une création lumière repensée peut diminuer le fret routier, mais aussi la consommation finale d’énergie, etc. Par ailleurs si des grandes salles, des grands festivals et même des tournées ont déjà réalisé un Bilan Carbone © ou suivent leur consommation d’eau et d’énergie, ces données ne sont aujourd’hui pour l’essentiel pas partagées avec le secteur, ni rendues comparables ou modélisées pour affiner la compréhension des impacts sectoriels. 

Le Projet M.A.T.R.I.C.E va surtout au-delà de la mesure et des recommandations pour mener des expérimentations complètes de la conception à l’exploitation à l’échelle du territoire. 

Le Projet M.A.T.R.I.C.E a vocation à ouvrir le maximum de discussions sur l’objectif de transition entre les producteurs de spectacles et leurs parties prenantes directes et indirectes. Les co-porteurs du projet devront jouer un rôle de démonstrateurs au bénéfice de leurs pairs dans la mise en lumière des solutions et des freins. Selon les blocages rencontrés, des réponses immédiates pourront être données sur la production considérée, ou devront être cherchées en collectif et dans une perspective de résolution à plus long terme. 

Nous visons aussi bien la réduction d’autant d’impacts écologiques que possible sur les tournées mises en test lors de notre expérimentation que des réductions plus ambitieuses à court, moyen et long terme sur les tournées futures. Y compris grâce aux enseignements qui pourront émaner du projet pour l’élaboration des politiques publiques. 

Pendant et après sa réalisation, le Projet M.A.T.R.I.C.E pourra susciter ou alimenter des groupes de travail, faire évoluer des programmes d’aide, des fiches de poste, des indicateurs, des parcours de formation, des calculateurs d’empreinte, etc. 

Nous souhaitons qu’il puisse promouvoir les outils et méthodes de la coopération et de l’intelligence collective, et qu’il participe à structurer les démarches existantes. 

Nous comptons également sur le fait que les « éco-managers » qui participent à l’audit et à la collecte de données sur les tournées-types puis au suivi de production sur les tournées-tests aident à l’appréciation de ces nouvelles fonctions, à spécifier les compétences requises, et à éprouver la mise en commun de moyens pour le partage de postes.